Aller au contenu

Les HAP dans les enrobés


Aucun_Intérêt

Messages recommandés

Bonjour tout le monde,

 

Je retourne depuis peu dans les travaux plus conventionnels et je me retrouve confronté à une problématique qui ne semble pas avoir été abordée sur le terrain.

Ca reste donc pour moi de l'exploration et donc un petit casse tête.

 

Oui les HAP ... <_<

 

Mais dis moi Jamie, c'est quoi qu'un HAP ? Un smiley ?

Donc je vais faire une synthèse de ce que sont les HAP, ou plus pompeusement parlant les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques.

 

Pour rappel :


  •  
  • Les HAP peuvent être à l’origine de certains cancers ;
  • L’exposition aux HAP peut surtout avoir lieu par voie cutanée ou par inhalation de fumées lorsque les liants sont chauffés
  • … mais leur présence dans les poussières de rabotage ne peut être exclue.

 

Les nouvelles réglementations, notamment au niveau du Code de l'Environnement et des Directives Européennes, imposent un diagnostic préalable aux travaux des matériaux hydrocarbonés des chaussées.

 

Pour cela, il y a plusieurs méthodes (on passe le pak maker qui est une pré analyse in situ) définies par les normes NF EN 15527 et ISO NF EN 14346- Méthode A.

 

Ces essais en laboratoire, avec prélèvement on site, nous donnent une carto assez détaillée des contaminants de la chaussée.

 

On regarde surtout deux paramètres particuliers qui sont :


  •  
  • Somme des HAP, exprimée en mg/kg
  • Benzo(a)pyrène (ou Benzo(3,4)pyrène, soit un des 16 HAP retenus) exprimé en mg/kg de Matière Sèche (MS)

 

Le Guide du Cerema « Acceptabilité environnementale de matériaux alternatifs en technique routière - Les matériaux de déconstruction issus du BTP » (gentiment mis en partage par nos amis de l'Administration Bretonne, allez savoir pourquoi) détermine ainsi le devenir des EB selon les teneurs en HAP :


  •  
  • de 0 à 50 mg/kg - réutilisation à chaud possible
  • de 0 à 500 mg/kg - réutilisation à froid possible
  • de 500 à 1000 mg/kg - stockage en ISDND
  • > 1000 mg/kg - stockage en ISDD

 

La réutilisation à froid est possible selon 3 types, qui sont eux aussi définis dans le guide suscité.

Cependant, il y a une limite environnementale d’utilisation indiquée par ce même guide. Celui-ci ne recommande pas son application (sauf avis contraire d’un hydrogéologue expert) en tant que matériau de type 1 dans un contexte de :


  •  
  • dans les zones inondables et à moins de 50 cm des plus hautes eaux cinquantennales ou, à défaut, des plus hautes eaux connues ;
  • à moins de 30 m de tout cours d’eau, y compris lacs et étangs. Cette distance est portée à 60 m si l’altitude du lit du cours d’eau est inférieure de plus de 20 m à celle de la base de l’ouvrage et dans les zones désignées comme zone de protection des habitats, des espèces, de la faune et de la flore sauvages en application de l’article L.414-1 du code de l’environnement ;
  • dans les périmètres de protection rapprochée (PPR) des captages d’alimentation en eau potable (AEP) ;
  • dans les zones couvertes par une servitude d’utilité publique instituée, en application de l’article L.211-12 du code de l’environnement, au titre de la protection de la ressource en eau ;
  • dans les karsts affleurants pouvant modifier les écoulements d’eau présente en continue ou de façon temporaire dans l’ouvrage ou son environnement immédiat.

 

 

On se rend compte que le réemplois de matériaux contenant moins de 500mg/kg de HAP n'est pas aussi simple.

 

De plus, sur le plan santé-travail relatif aux émanations de HAP (sous forme vapeurs/gaz) lors de travaux de rabotage/décroutage, ces enrobés chargés en HAP font l’objet d’une valeur recommandée par la CNAM ( article 5 de l’ED984 de l’INRS) pour indiquer la teneur en HAP dans l’air respiré par les salariés. Cette valeur doit être inférieure à 150 ng pour le benzo[3,4]pyrène (un des 16 HAP, appelé dans les rapports benzo[a]pyrène) par m3 d’air respiré.

Il y a potentiellement un risque de contamination par inhalation pendant les opérations de rabotage.

La problématique est de savoir comment mesurer cette concentration dans l’air à partir d’une masse contenue dans un carottage d’enrobé.

 

Mais là encore, il semblerait que l'Arrêté du 10 mars 2016 a carrément supprimé les seuils d'exposition !!!

 

Et quand bien même on arrive à mettre les protections de toutes parts, il est difficile de trouver une ISD qui accepte des matériaux contaminés aux HAP avec un teneur supérieure à 5000mg/kg. Et croyez moi, on va souvent exploser ce seuil.

 

Mes questions sont :


  •  
  • Avez vous un retour d'expérience dessus ?
  • Avez vous des documents techniques (CCTP, BPU, Plan de gestion, ....) donnant des méthodes de rabotage, décroutage, ...., des enrobés contaminés sur site ?
  • Avez vous des prix avec des sous détails de prix de cela ?
  • Comment faisons nous la corrélation entre mg/kg et ng/m3 de Benzo(a)pyrène ? Y a t il des ratios ou faut il utiliser des appareils de mesures sur le personnel travailleur à l'instar des dosicards ?
  • Avez vous une liste des ISD accueillant des HAP supérieurs à 5000mg/kg ?
  • Pouvez vous m'éclairer sur la suppression des seuils d'exposition ?

 

Enfin, bref je suis archi preneur de tout cela.

Plieur de trombones et remplisseur de tubes de dentifrice professionnel.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Bonjour,

 

j'ai déjà eu ces problèmes en 2016, si tu veux j'ai un prix de cette date avec le rapport de 5 carottages dont 2 positif au HAP.

 

Je peux te les transmettre par mail.

 

A+

 

 

 

Intel i7-4770 - 16Go Ram - NVIDIA Quadro K2000 - Double ecran en 1680x1050

Windows 7 64Bits. non administrateur !!

Autocad Map 3D 2019 + Covadis V17.0f

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Plop, j'ai refouillé un peu la réglementation.

On connait tous des MOA qui n'ont pas de reins solides sur leurs finances.

 

Un chantier avec HAP etou amiante peut ainsi représenter un trou colossal dans le porte monnaie des donneurs d'ordres.

Donc plutôt que de raboter/décrouter ou tout du moins extraire les revêtements routiers, peut on légalement recouvrir celui ci ?

 

J'ai donc fouillé un peu ce qu'il se dit, ou plutôt ce qu'il s'écrit.

 

En effet, si nous nous basons sur la législation en vigueur, et plus particulièrement sur le thème de la gestion des déchets au sens du Code de l’Environnement (Partie législative / Livre V : Prévention des pollutions, des risques et des nuisances / Titre IV : Déchets / Chapitre Ier : Prévention et gestion des déchets), l’Article L541-4-1 (Modifié par Ordonnance n°2016-128 du 10 février 2016 - art. 2) exempte certains matériaux de la définition des déchets :

 

Ne sont pas soumis aux dispositions du présent chapitre :


  •  
  • les sols non excavés, y compris les sols pollués non excavés et les bâtiments reliés aux sols de manière permanente ;
  • les sédiments déplacés au sein des eaux de surface aux fins de gestion des eaux et des voies d'eau, de prévention des inondations, d'atténuation de leurs effets ou de ceux des sécheresses ou de mise en valeur des terres, s'il est prouvé que ces sédiments ne sont pas dangereux ;
  • les effluents gazeux émis dans l'atmosphère ;
  • le dioxyde de carbone capté et transporté en vue de son stockage géologique et effectivement stocké dans une formation géologique conformément aux dispositions de la section 6 du chapitre IX du livre II du titre II ;
  • la paille et les autres matières naturelles non dangereuses issues de l'agriculture ou de la sylviculture et qui sont utilisées dans le cadre de l'exploitation agricole ou sylvicole ;
  • les matières radioactives, au sens de l'article L. 542-1-1.

 

Par conséquent, un enrobé (pollué ou non) pourrait être considéré comme faisant partie intégrante du sol.

Si cet enrobé n’est pas excavé, il n’acquiert pas le statut de déchet. CQFD !

 

Egalement, le Guide du CEREMA « Acceptabilité environnementale de matériaux alternatifs en technique routière - Les matériaux de déconstruction issus du BTP » détaille dans son article 2.1 que :

Il est interdit de procéder à une opération de stabilisation, une dilution ou à un mélange de matériaux de déconstruction du BTP dans le seul but de satisfaire aux critères d’acceptabilité environnementale définis dans le présent guide d’application.

 

Dans le cas d’un recouvrement d’un enrobé pollué par un autre enrobé, nous sortons du champs d’application du Guide car nous ne stabilisons pas (la stabilisation est une opération visant à utiliser différents réactifs dans le but de limiter la solubilité des polluants), ne diluons pas et ne mélangeons pas le matériaux.

 

Nous pouvons donc en conclure que l’application d’un tapis saint de matériaux hydrocarbonés ne constituent pas une violation de la réglementation actuelle.

 

Qu’en pensez-vous ?

Plieur de trombones et remplisseur de tubes de dentifrice professionnel.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Salut,

 

encore jamais confronté à ce genre de problématique mais je voulais te remercier de nous faire part de tes recherches, conséquentes, et très intéressantes. Au moins je serais plus attentif dans le futur si l'on évoque le sujet devant moi.

 

Bonne journée,

COME

 

La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. »

Friedrich Nietzsche

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Salut,

 

je transmets le lien à une connaissance, beaucoup plus pointue que moi dans les textes réglementaires et leur analyse, on ne sait jamais si cela lui parle...

 

Bonne journée,

COME

 

La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. »

Friedrich Nietzsche

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Salut,

ton sujet est vraiment intéressant, merci !

maintenant sur la résolution j'ai quelques doutes:

- on rabote pour garder un fil d'eau le long des bordures de trottoir

- on rabote aussi pour avoir une bonne accroche entre 2 couches

donc comment faire, au moins dans le 1er cas ?

a+

Gégé

----------------------------------------------------------------------

Site: https://www.g-eaux.fr

Blog: http://g-eaux.over-blog.com

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

La problématique est aussi ici.

Il n'y a pas 36 solutions pour réaliser des raccords sur les ouvrages attenants. La question se pose aussi pour les mises à la cote.

 

On peut imaginer une découpe au disque et un decroutage à la pelle. Cela dit, le résultat va être "dégueulasse" et si les couches sont bien collées, ca va rendre les choses bien plus compliquées. D'autant plus que le risque de TMS et de coupures sont réels. Si le linéaire est important, on augmente les probabilités d'accidents. Ca sans parler de la consommation en disques....

Reste qu'il faille prévoir peut être des FFP3 et des combinaisons jetable.

 

Le rabotage est la solution qui semble être de facto la plus simple.

Un raboteuse à 0m60 ou 1m00 suffit.

Mais là encore, on se heurte aux analyses HAP. Si le taux de Benzopyrène explose (déjà il faut faire la relation mg/kg et ng/m3), il faut limiter la propagation de poussières.

Donc on arrose (couramment équipé sur raboteuse), on récupère les eaux car celles ci sont polluées.

Mais ca ne suffit peut être pas (période sèche, vent élevé, poussières dans la benne, ....). Donc prévoir des bâches dans la benne, sortir les FFP3 et les combi tyvek, évacuer la rue .....

 

On imagine pas l'impact psychologique sur les riverains quand ils verront des types débarquer en cosmonautes.

 

Peut être faire des études en amont en prenant plusieurs paramètres en compte :


  •  
  • Teneur en HAP et Benzopyrène,
  • Technique d'excavation,
  • Humidité dans l'air,
  • Vent moyen et rafales,
  • Température extérieure,
  • Jauges owen disposées à droite et à gauche de l'opération de rabotage/decroutage.

 

C'est à l'étude encore mais on se rapproche sacrément des techniques pour la chrysotile dans les enrobés.

 

Ou alors, il y a l'encapsulage par retraitement de chaussée en place. Chez nous, le projet Recyclean est suivi de près.

Plieur de trombones et remplisseur de tubes de dentifrice professionnel.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 11 mois après...

Plop et petit up,

 

Lorsque que je m'étais posé la question, j'ai quitté ma société pour aller ailleurs et étais resté sans réponse.

 

Là, le sujet ressort et j'ai pas plus avancé laugh.gif

 

EIFFAGE a en revanche quelques billes via leur protocoletechnique RECYCLEANqui a été développé en partenariat avec la DREAL, l’IFFSTTAR et le CEREAM.

 

On trouve notamment un présentationrécente du projet où quelques mesures d’empoussièrement ont été faites.

 

Celle-ci en conclut que pour de forts taux, une brumisationsuffit à protéger le salarié. Mais je ne sais pas dire si l’établissement d’unerègle par trois suffit à avoir une bonne approche.

 

 

 

 

On note également que le Naphtalène a été pris en considération, son seuil de VLEP est de 50mg/m3.

 

 

 

 

Ca parait inutile au premier abord, mais cette approche de quantification et qualification de la pollution aux amiante et HAP peut littéralement vous planter un projet. Santé, coût, cadences, image,........ C'est un vrai problème.

 

 

 

 

Voilou, j'espère encore avoir quelques billes pour revenir. Plus trop le temps de passer !

 

 

Plieur de trombones et remplisseur de tubes de dentifrice professionnel.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...

Information importante

Nous avons placé des cookies sur votre appareil pour aider à améliorer ce site. Vous pouvez choisir d’ajuster vos paramètres de cookie, sinon nous supposerons que vous êtes d’accord pour continuer. Politique de confidentialité